Enseignements

EHESS

1970-1971
SÉMIOLOGIE ET LINGUISTIQUE : RECHERCHES SUR LA NOTION DE REPRÉSENTATION AU XVIIe SIÈCLE : TEXTES ET DOCUMENTS FIGURATIFS
Directeur d’études suppléant : Louis Marin
Compte rendu d’enseignement
La notion de représentation était apparue stratégiquement importante dans la mesure où elle référait implicitement ou explicitement à la « visualité », mais où elle n’était pas liée, nécessai-rement, à la ressemblance ou à la reproduction ; elle permettait par là l’analyse critique des éléments constitutifs du modèle sémantique du signe : signifiant, signifié, référence et leurs relations; dénoté, connoté, etc.
La fréquence d’utilisation du modèle pictural dans les discours théoriques du XVIIe siècle nous a incités à investir cette problématique dans ce contexte historique, quitte, en retour, à définir la notion d’histoire dans l’emploi « drastique » que nous en faisions.
L’analyse de la présentation a donc été poursuivie dans un certain nombre de textes de « philosophie du langage » du XVIIe : Grammaire générale et Logique de Port-Royal, Pensées et Opuscules de Pascal, correspondance de Descartes, etc. Des rapprochements et des compa-raisons ont été effectués avec des textes appartenant à d’autres domaines théoriques : théorie de la peinture, et du théâtre (Conférences à l’Académie royale de Peinture, traités de Félibien, Dufresnoy, F. de Chambray, d’Aubignac, Chapelain, Corneille, etc.), théories scientifiques (Dioptrique de Descartes, Traité des passions de Descartes, Senault, etc.). Enfin n’ont jamais été écartées les comparaisons significatives avec des textes théoriques modernes sur le langage (Peirce, Saussure, Hjelmslev, etc.) ou sur la peinture (Panofsky, Francastel, Klee, Mondrian, Kandinsky, etc.)
D’autre part, les points d’appui de l’analyse ont été trouvés dans les textes littéraires du XVIIe siècle, ou contemporains ou dans des documents figuratifs : plans de Gomboust et de Mérian, portraits de Champaigne, paysages de Poussin, gravures, etc.
Le modèle proposé au début du séminaire a été remanié et complexifié au fur et à mesure qu’il était confronté à de nouveaux éléments d’analyse. Les relations entre les notions de modèle et de représentation ont été, à leur tour, abordées de façon critique.
Le deuxième semestre a été consacré à l’étude sémiologique d’un tableau de Poussin, Paysage avec un homme tué par un serpent (National Gallery, Londres) qui constituait une des appli-cations possibles du modèle défini au cours du premier semestre. Cette recherche a porté spécialement sur les problèmes posés par la description d’une image picturale, à partir de cinq textes contemporains du tableau, trois tirés de Félibien, un des Dialogues des morts de Fénelon, et le dernier, d’une légende d’une gravure de ce tableau. Cette étude qui a permis de préciser le statut de notions comme celles de figure, signe figuratif, référent, matrice figurative, etc. a débouché sur la construction d’un modèle formel de ce tableau qui serait sans doute généralisable à des tableaux du même peintre ou de la même époque moyennant des transformations spécifiques. Cette recherche vise à jeter les bases méthodologiques et épistémologiques d’une sémiologie du tableau qui constitue une des directions privilégiées d’une théorie générale critique de la représentation.
Les exposés des participants et travaux pratiques ont porté : 1. Sur la critique de la notion de représentation dans des textes d’ethnologie ou de critique d’art contemporains ; 2. Sur les rapports entre le texte et la figure et en particulier sur le problème de l’illustration textuelle et figurative (contes de Perrault, fables de La Fontaine, etc.) ; 3. Sur la confrontation de cartes géographiques, plans ou itinéraires et des récits de voyages réels et imaginaires ; 4. Sur les rapports entre l’image, le nom propre et le deictique.
Exposés d’élèves et travaux pratiques
M. Dominique CHRISTIAN, Sur les notions de simulacre, double et représentation; M. B. FERRY, Analyse sémiologique de quelques récits de voyages ; M. GLUCKSTEIN, Documents sur le portrait ; Mlle Marion JACOUH, Critique de la notion de représentation dans le discours ethnologique : Franz BOAS et Claude LEVI-STRAUSS ; M. M. LAUGAA, Sur la notion de pseudonyme et son rapport au texte : documents du XVIIe siècle.
Exposés de conférenciers extérieurs
M. J.-L. SCHEFER, Pour une théorie de la couleur; M. BAUDRILLARD, Problèmes posés par la signature dans le tableau.
Activité scientifique du Directeur d’études suppléant
a) Enquêtes en cours : Recherches de sémiotique narrative concernant les récits bibliques, en collaboration avec Michel de CERTEAU, Jean-Louis TRISTANI, Claude CHABROL, Gérard BUCHET et la participation d’Edgar HAULOTTE, professeur d’Exégèse biblique de Fourvière et Xavier Léon-Dufour s. j. ; Recherches concernant le discours utopique.
b) Congrès, conférences, missions scientifiques : Congrès des Études bibliques de Chantilly, sept. 1969 avec M. R. BARTHES et Paul RICOEUR, Xavier Léon-Dufour… Échanges de séminaires [organisés avec Jacques DERRIDA (ENS Ulm) et Mikel DUFRENNE (Nanterre] avec l’Université d’Oxford (Professeurs A. Montefiore, Cohen) sur les actes de parole et les performatifs, novembre 1969, mars 1970, mai 1970. Séminaire à l’Université de Montréal fin mars 1970 consacré aux problèmes de la neutralité dans le discours didactique, avec la participation de Professeurs d’Oxford, Montréal, Columbia, etc. Séminaire à la Sorbonne sur le discours utopique au XVIIe siècle, mars-avril. Communication à l’Istituto dantesco europeo à Milan sur l’analyse structurale de deux textes du Purgatoire de Dante, 20- 21 juillet 1970.
c) Publications
Articles
« Le discours de la figure », Critique novembre 1969 » ; « Signe et représentation : Philippe de Champaigne et Port-Royal », Annales ESC, mars 1970 ; « Essai d’analyse structurale d’Actes 10-11-18 », Recherches de Sciences religieuses, mars 1970 ; « Le terme neutre dans le discours philosophique », communication au Colloque de Montréal, mars 1970 ; « La description de l’image à propos d’un paysage de Poussin », Communication, mai 1970 (N° spécial consacré à l’image) ; « Klee ou le retour à l’origine », Revue d’Esthétique 1970.
Sous-presse
Textes en représentation, Critique,1970 ; Idéologie et Utopie en collaboration avec Gilbert Dragon, Annales, 1971 ; Analyse structurale de récits bibliques, Langages, 1971, N° spécial sur la sémiotique narrative des récits bibliques. (Présentation des recherches du groupe de travail).
Éditions
Logique de Port-Royal
. Présentation, Paris, Flammarion (« Sciences humaines »).
Ouvrages
Études sémiologiques
, Paris, Klincksieck (« Collection Esthétique et Philosophie ».

1978-1980
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
Directeur d’études : M. Louis MARIN
Compte rendu d’enseignement
Sous le thème général POUVOIR ET REPRÉSENTATION resté identique en 1978-79 et 1979-80, ont été poursuivies les recherches amorcées en 1977-79 sur le récit historiographique de Louis XIV (structures sémantiques et pragmatiques et modalités d’énonciation) dans sa relation avec la volonté autocratique et l’imaginaire du pouvoir absolu. Mais alors qu’au cours de l’année précédente, quelques textes de Pellisson, Racine et Boileau avaient été étudiés, l’année 78-79 a été entièrement consacrée à l’étude de l’histoire métallique du règne et ce, essentiellement à partir du très riche corpus documentaire fourni par l’ouvrage récemment publié par Josèphe Jacquiot, Médailles et jetons de Louis XIV, 4 vol., Académies des Inscriptions et Belles Lettres, Paris. Une attention particulière a été apportée aux textes de Rascas de Bagarris et de Tallemant ainsi qu’à ceux du Père Menestrier. L’analyse de différents types de médailles a été faite selon leurs divers éléments constituants et en particulier l’évolution des portraits du Roi au droit. Ainsi a été élaboré le modèle d’un récit historique du Monarque absolu à la fois textuel et iconique, se développant syntagmatiquement selon diverses modalités temporelles et sur diverses isotopies mais susceptible d’être construit selon quelques grands paradigmes permettant de définir la structure même de la substance royale. Il a été démontré comment la relation de la médaille historique à la pièce de monnaie assurait à la fois la légitimation de ce modèle et l’authentification du récit qui le manifeste.
En 1979-80, visant à explorer la notion d’éloge historique rencontrée précédemment, a été abordée l’étude du discours de louange et de célébration du Roi comme instrument de manipulation et d’assujettissement du destinateur comme du destinataire. Une étude introductive a souligné l’importance des modèles et de la réflexion rhétoriques de l’Antiquité. L’étude du mode épidictique de discours a été menée à la fois chez Aristote et chez les rhétoriciens du XVIIe siècle français. Les mécanismes du discours de célébration ont été étudiés dans le prologue de la Théogonie d’Hésiode, et dans des poèmes de Pindare, aussi bien que dans certains textes sophistiqués. Une attention particulière a été apportée à l’oraison funèbre. Des modèles pragmatiques du discours de flatterie ont été élaborés à partir de récits, fables (La Fontaine) ou contes (Perrault), et éprouvés sur divers textes de Racine et de Bossuet. Parallèlement au cours, le séminaire a été consacré en 1978-79 à la présentation de travaux de recherche concernant les modalités spécifiques de renonciation écrite et en 1979-80 au problème général des relations entre espace et discours.
Exposés de conférenciers extérieurs
Prof. Paolo Fabbri, Université de Bologne : « Pour une sémiotique des passions dans le discours d’éloge ».
Prof. René Payant, Université de Montréal : « Histoire et éloge dans l’autoportrait ».
Activité scientifique
Séminaire d’Histoire et de théorie de l’art, École normale supérieure, 1978-79 (2e semestre), 1979-1980 (2e semestre).
Mission d’enseignement et de recherche à l’Université Johns Hopkins, Baltimore USA, sept.-oct. 1978.
Mission d’enseignement et de recherches aux USA, sept.-oct.-nov. 1979 et en Italie :
* Université d’État de New York Buffalo.
* Université du Michigan Anna Arbor
* Université de Princeton.
* Centre international de Linguistique et de sémiotique d’Urbino Italie.
Colloque sur l’Ironie, 1979.
Colloque sur la sémiotique du discours passionnel, 1980.
Congrès sur l’Oralité, 1980.
Mission de conférences à l’Université de Bologne, avril 1980.
Aux Universités de Neuchâtel, Genève, Lausanne, Suisse, juin 1980.
Conférence et séjour d’études à l’Institut Warburg, Londres, février 1980.
Séminaire au Centre Thomas More, l’ArbresIe, décembre 1979.
Publications
« Le neutre, le jeu : le temps utopique » in Le discours utopique, décade de Cerisy la Salle, 10/18, Paris, 1978. — « Contribution to a Theory of Reading : the Historical narrative in the Arcadian Shepherds of Poussin » in The Reader in the Text, Princeton Univ. Press, éd. S. Suleiman, 1980. — « A Parabol of Pascal : On the Interprétation of Ordinary Language » in Textual Stratégies, éd. Harari, Johns Hopkins Univ. Press., 1980. — « Les pièges du récit historique », Groupe de recherches sur les théories du signe et du texte, Cahier n° 2, 1978. — « La voix d’un conte entre La Fontaine et Perrault » in Critique, n° 394, 1980, Paris Minuit.
« The “I” as Autobiographical Eye — Reading Notes on a few Pages of Stendhal’s Life of Henri Brulard » in October, n° 9 MIT Press, 1979. — « Écrire, répéter ou le livré en souffrance », Critique, n° 395, Paris, Minuit, 1980. — « L’inscription de la mémoire du Roi », Pré-publications Urbino n° 90, 1980. — « Pouvoir du récit, récit du pouvoir », Acfes de la recherche en Sciences Sociales, Minuit, Paris, 1979. — « Sémiotique du corps », Encyclopedia Universalis, 1978. — « The American Révolution on the French Stage: on an XVIIIth century Engraving », Glyph III, Johns Hopkins Univ. Press, 1978. — « Les ruses du récit autobiographique chez Stendhal » in Collages, 10/18, Paris, 1979. — « Les voies de la carte » in Catalogue de l’Exposition, Cartes et Images de la Terre, CCI., Centre Pompidou, 1980. — « The Inscription of the King’s Memory : on the Metallic History of Louis XIV » in Yale French Studies, 1980.
Ouvrages
Le récit est un piège, Ed. de Minuit, Paris, 1978, 145 p.

1980-1982
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
Directeur d’études : M. Louis MARIN
Compte rendu d’enseignement
Recherches sur les discours d’éloge

Sur un corpus de textes antiques (Hésiode, Pindare, les Tragiques, Gorgias, Platon, Aristote) et classiques (Corneille, Racine, Pellisson, Boileau, Perrault, La Fontaine), nous avons tenté de déterminer les formes discursives et les stratégies pragmatiques du mode épidictique dans divers types de discours d’éloge et de flatterie et de montrer leurs relations avec les instances de légitimation et d’autorisation du pouvoir politique.
Séminaire sur le portrait officiel et d’apparat
Dans le séminaire, nous avons essayé de mettre à jour les divers modes de fonctionnement du portrait officiel du Prince et des relations avec la peinture d’histoire commémorative ou allégorique.
Recherches sur le discours polémique, satirique et de blême
À partir de la parodie de l’oraison funèbre trouvée dans le Menéxêne de Platon, nous avons engagé des recherches sur le discours polémique et le blâme, que nous avons poursuivies sur l’ironie dans les dialogues platoniciens, puis sur l’articulation entre blâme et éloge dans le « discours au Roi » en prologue aux Satires de Boileau. Là encore, nous avons tenté de mettre à jour les formules discursives nucléaires, les stratégies et les tactiques pragmatiques caractéristiques des diverses formes d’agression ou de « polémicité », dans le langage. Enfin, la deuxième partie du cours a été consacrée aux Provinciales de Pascal comme exemple historiquement déterminant de littérature polémique.
Le séminaire a été consacré à des recherches sur le portrait satirique et la caricature au XVIe siècle (Le Bernin, les Bolonais par exemple) et au XVIIe siècle (les caricatures de la Fronde, ou les caricatures hollandaises, etc.). Une attention critique particulière a été apportée aux recherches psychanalytiques dans ce domaine chez Freud (Le Mot d’esprit… F. Kris,
Gombrich, par exemple ou de la gestaltpsychologie (R. Arnheim, par ex.).
Exposés de conférenciers extérieurs
Professeur R. Payant (Univ. d’Ottawa, Montréal) Canada : Autoportraits féminins au XVIe siècle en Italie.
Professeur O. Calabresse (Univ. de Bologne) Italie : Problèmes du portrait.
Professeur P. Pucci (Cornell University, Ithaca) USA : La figure royale chez Homère.
Professeur J. Ligota (Warburg Institute) Londres : Mermès-Thot et le statut de l’écriture.
Professeur J. Blanchard (Université de Rouen) : Recherches sur les entrées royales au XVe siècle.
Activité scientifique
Décembre 1980 : adresse inaugurale « Reading and viewing pictures » du Congrès de la British Society of Comparative Literature, University of Canterbury, G.B.
Mars 1981 : conférence et séminaire sur « pouvoir politique et justice chez Pascal » Faculté de théologie. Université de Strasbourg.
Mai 1981 : communication sur « Visibilité et lisibilité de l’image en peinture » colloque de l’Université Ben Gourion, Beersheva, Israël.
Juillet 1981 : communication sur « le tableau comme objet théorique » au colloque Théorie de l’art. Université d’Urbino.
Octobre 1981 : communication sur « Masque et portrait au XVIIe siècle » colloque la Maschera, Montecatini Terme, Universités d’Urbino et de Bologne.
Communication sur « le portrait du Roi » au colloque Pouvoir, autorité, institutions, Université de Columbia, Reid Hall, Paris.
Communication sur « l’énonciation filmique » au colloque Analyse de film, Université Paul Valéry, Montpellier.
Mars 1982 : communication sur « les autoportraits de Poussin 1649-1650 » au colloque sur l’autoportrait, Institut français de Florence et Université de Florence. — Deux leçons publiques sur l’autobiographie aux Facultés Saint Louis de Bruxelles. — Conférences et séminaires (4) University of California, Irvine « la représentation de soi en littérature et en peinture » (en anglais).
Avril 1982 : communication sur « le sublime en architecture » au colloque de Critica 2, Architettura, Istituzioni, Potere, Montecatini Terme, Université d’Urbino.
Mai 1982 : Communication sur « Cézanne et le discours philosophique contemporain », Colloque Cézanne aujourd’hui. Musée Granet, Aix-en-Provence.
Juillet 1982 : Communication sur « le propre du Nom dans le texte pascalien » au colloque Le Nom propre. Université d’Urbino.
En 1980-81 et 1981-82, le séminaire de recherche consacré à l’Histoire et la théorie de l’art s’est poursuivi régulièrement lors du 2e semestre le Jeudi soir à l’École normale supérieure, rue d’Ulm avec la participation de chercheurs français (Daniel Arasse, Claude Imbert notamment) et étrangers (0. Calabrese, Paolo Fabbri (Bologne), C. Bertelli (Milan), J. Ligota (Londres), R. Payant (Montréal), etc.
Publications
Articles ou contributions
«L’exposition Jackson Pollock», Parachute, Art contemporain, 1982, n° 2, Montréal, Canada, p. 12-21. — « Dans l’atelier du peintre musicien », Critique, n° 408, mars 1981, p. 512-518. — « Le regard autobiographique : sur quelques fictions de Stendhal », Dispositio, The University of Michigan, vol. V, n° 13-14, Hiver Printemps 1980. — « Un événement de lecture : où un texte de Stendhal est pris à la lettre »,L’Écrit du Temps, n° 1, Minuit, Paris, Printemps 1982, p. 95-110. — « La description du tableau et le sublime en peinture », Communications, n° 34, 1981, le Seuil, Paris, p. 61-84. — « Les fins de l’interprétation ou les traversées du regard dans une tempête » in Les Fins de l’homme, Galilée, Paris, 1981, p. 317- 344. — « Chûtes, rencontres : le premier venu », Traverses, Géométrie du hasard. Minuit, n° 24, fév. 1982, p. 2-3. — « Passages », Traverses, La Cérémonie, Minuit, n° 21-22, Mai 1981, p. 123-129. — « The Inscription of the King’s Memory : On the Metallic History of Louis XIV », Yale French Studies, Rethinking History, n° 54, 1980, p. 17-36. — « Montaigne’s Tomb or Autobiographical Discourse », Oxford Literary Review, 1981, vol. 4, n° 3, p. 43-58. — « Sur un certain regard du sujet » in Les Sujets de l’Écriture, éd. J. Decottignies. Presses universitaires de Lille, 1981, p. 41-62. — « Le pouvoir et ses représentations », Noroit, Arras, n° 249-250, mai juillet 1980. — « L’art des autres : une étrange familiarité » avec H. Damisch, J. Kerchache, J.-L. Paudrat, Noroit, Arras, n° 262 bis-263, oct. déc. 1981. — « La voix excommuniée du texte autobiographique », {Degrés,} Bruxelles, n° 26-27, printemps- été 1981. — « L’art de la théorie » in Catalogue Centre Pompidou, Paris, 1982, Exposition {In Situ. — « Discours – espaces : l’exposition dans le Musée », Catalogue, Musée de Grenoble, exposition Faire semblant, 1982, p. 9-25. — « Cartographie et projet : les transformations de Strasbourg à travers ses plans » in Le Projet urbain dans l’histoire de Strasbourg, Strasbourg, 1982. — « Sur une société de machines dans la {Logique de Port-Royal », Revue des Sciences humaines, Université de Lille, 1982. — « Secret, dissimulation : deux conditions rhétoriques de la croyance chez Pascal », in De la croyance/On Belief, Berlin, New York, W. de Gruyten Verlag, Foundations of Communication, 1982. — « Sur l’énonciation filmique : à propos des Trois Derniers Hommes d’Antoine Perset », Imprévue, Études sociocritiques, réflexions sur l’image. Université de Montpellier, 1981-2 p. 5-20. — « Roland Barthes par Roland Barthes ou l’autobiographie au Neutre », Critique. Roland Barthes, 1982, n° 423-424, août-septembre 1982, p. 734-744. — « Il Corpo » in Encyclopaedia Einaudi, Torino, 1982. — « Sémiotique du corps et du geste » in Encyclopaedia Universalis, Paris, 1980. — « Le Neutre, le jeu, temps de l’Utopie», introduction à l’édition américaine d’Utopiques, jeux d’espaces. — « L’entrelacs du visible » sur L’Œil du peintre, essai de Marc Le Bot, Le chemin, Gallimard, 1982 in La Quinzaine littéraire, mai 1982. — « Reading Pictures : Poussin’s letter on Manna », Comparative Criticism,} Cambridge U.P. England, 4, 1982 (p. 3-18). — « Discours du pouvoir / Pouvoir du discours : commentaires pascaliens », Michigan Romance Studies, Discours et pouvoir, éd. Ross Chambers, University of Michigan An Arbor, vol. II, 1982, p. 29-72. — « A Semiotic Approach to Parade, Cortège, Procession », in Time out of Time : Essays on the Festival, éd. Alessandro Falassi, University of California Press, 1982, p. 363- 377.
Ouvrages
La Voix excommuniée : essais de mémoire
, Galilée, Paris, 1981.
Le Portrait du Roi, Minuit, Paris, 1981, 304 p.

1982-1984
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
Directeur d’études : M. Louis MARIN
Compte rendu d’enseignement
Au cours des années 1982-1983 et 1983-1984 a été engagée une recherche portant sur l’émergence de la notion du sublime dans les discours de critique et de théorie des arts et de la littérature aux XVIe et XVIIe siècles en France.
Tout en considérant que la problématique philosophique du sublime a été élaborée dans la Critique de la Faculté de Juger de Kant à la fin du XVIIIe siècle et en notant que certains débats contemporains – en particulier sur les notions de modernité et de post-modernité – se sont engagés à partir de cette problématique kantienne et sa reprise romantique en Allemagne notamment, nous avons souligné que Kant était en l’occurrence l’héritier de traditions philosophiques et esthétiques qu’il était indispensable de prendre en compte pour une évaluation historique et théorique de la notion plus exacte et plus rigoureuse.
Nous avons donc étudié de façon minutieuse le traité du Sublime du Pseudo-Longin (en retraduisant l’essentiel de l’ouvrage) ainsi que la traduction qu’en publia Boileau en 1674. Cette étude nous conduisit à examiner les théories esthétiques du Moyen stoïcisme et de la seconde sophistique pour en mesurer l’impact, à travers le Pseudo-Longin, sur la pensée, la théorie et la pratique de l’art dit classique au XVIIe siècle. Ayant alors tenté de construire un « modèle » de la notion du sublime autour de deux irreprésentables (la mort et la violence), nous avons montré que le sublime ne pouvait faire l’objet que d’une présentation pathétique dans le dispositif de la re-présentation dont deux figures fondamentales allaient être depuis l’Antiquité les moyens privilégiés : la tempête et le colosse.
Dans un deuxième temps, nous avons abordé dans quelques textes littéraires et philo-sophiques du XVIIe siècle français, l’étude de notions liées aux « irreprésentables » de la mort et de la violence, celles de l’indéfinité et de la totalité : l’essentiel du séminaire de l’année 1983-1984 a porté sur la théologie et l’anthropologie du secret et de l’infini chez Pascal, ainsi que sur les notions esthétiques du « je ne sais quoi » en particulier dans les Entretiens d’Ariste et d’Eugène (1671) de Bouhours et du « vaste » et du « grand » chez Saint-Évremond. Nous avons amorcé l’étude des applications sociopolitiques du sublime chez Pascal, Bossuet ou Rapin.
Parallèlement à cette recherche et en alternance avec elle, nous avons poursuivi les recherches engagées les années précédentes sur la notion de sujet de représentation avec l’étude des dispositifs de constitution et d’identification du sujet et du moi dans les textes littéraire et visuel. Plus précisément ont été étudiés deux grands types de représentation de peinture : les vanités à tête de mort et les Véronique. En 1983-1984, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Stendhal, nous avons exposé nos dernières recherches sur l’autobiographie stendhalienne portant sur les Manuscrits de la Vie de Henry Brulard et sur les relations entre les gravures de tableaux italiens introduites par l’auteur dans son manuscrit, les dessins qu’il y a produits et le texte écrit de sa vie.
Exposés de conférenciers extérieurs
Pr Salvatore Settis (Pisa), Italie : Commanditaires et programmes dans une œuvre de Lorenzo Lotto.
Pr Omar Calabrese (Bologne), Italie : Cohérence et cohésion textuelles dans un tableau de Holbein.
Pr Jean-Jacques Demorest (Phoenix), USA : Le fragment pascalien.
Pr Leupin (Bâton Rouge) USA : Augustin: écriture et fiction dans les Confessions.
Pr Joël Blanchard (Rouen) : Une entrée royale à Rouen au XIVe siècle.
Pr Claude Reichler (Lausanne) : Sublime et obscène dans quelques textes médiévaux.
Pr Nakamura Yujiro (Tokyo), Japon : Sur trois concepts fondamentaux de la culture japonaise.
Activité scientifique
Enquêtes et travaux : Sur les programmes iconographiques du pouvoir d’État en France et
en Italie (XVI – XVII siècle).
Missions et conférences
(Septembre 1982-septembre 1983) : Colloque La Lecture, Saint-Maximim. — Mission d’enseignement : Université de Californie San Diego. — Conférences aux Universités de Stanford, Santa Cruz, Irvine, Los Angeles. — Colloque à l’Université de Florence : L’analyse du discours. — Séminaire à l’Université Lille II : Médecine et Littérature. — Conférence à l’Université de Liège. — Colloque à Bad Hombourg (RFA) : Problèmes de méthode en sciences sociales. — Colloque à Anghiari (Italie) : Piero della Francesca théoricien de l’art. — Conférence à l’Université de Grenoble III.
Conférence à l’Université libre d’Amsterdam. — Conférences aux universités d’Aarhus et de Copenhague, Danemark. — Séminaire à l’Université d’Urbino (Italie) : sémiologie de l’art.(Septembre 1983-juillet 1984): Congrès Roma, Stendhal e l’Italia, Rome. — Conférence à l’Université de Florence. — Conférence à l’Université de Lyon II. — Colloque Le Paysage, Université de Saint-Étienne. — Colloque à l’Université libre de Barcelone : Penser l’art. — Congrès de sémiologie à Palerme (Italie) : Mathématiques et sémiologie (le cas Desargues). — Conférences à l’Université libre de Bruxelles. — Mission d’enseignement à l’Université Cornell, USA. — Séminaires à l’Université Johns Hopkins, USA : Le sublime dans les paysages de Poussin (1640-1650).
Publications
« La ville dans sa carte et son portrait : proposition de recherche », Cahiers de l’École normale supérieure de Fontenay, 1984. — « Lire un tableau en 1639 d’après une lettre de Poussin », Actes du colloque La Lecture, Saint-Maximim, la Sainte-Baume, 1984. — « Le corps pathétique du Roi ; sur le Journal de la santé de Louis XIV », Séminaire de recherche Médecine et Littérature, Uni. de Lille III, 1984. — « Le portrait chez les moralistes et les peintres de Port-Royal au XVIIe siècle », Image et Signification, les Rencontres de l’École du Louvre, 1984. — « Masque et portrait », Pictura, Paris, n° 3, hiver 83-84. — « Logiques du secret », Traverse, Minuit, Paris, n° 30-31, mars 1984. — « Piero della Francesca, teorico del conto », Actes du colloque Piero, teorico del arte, Anghiari-Borgo, 1984. — « Panofsky et Poussin en Arcadie », Erwin Panofsky, cahiers pour un temps, Aix-en-Provence, Paris, 1983. — « Dessins et gravures dans les manuscrits de Stendhal », Actes du Colloque les Manuscrits de Stendhal,} Université de Paris, 1983, à paraître. — « Stendhal et la peinture italienne dans Henry Brulard », Actes du Congrès Stendhal, Roma e l’Italia, Roma, 1983, à paraître. — « Le paysage sublime classique », Le Paysage, CEREC, Univ. de Saint-Étienne, à paraître, 1984. — « De Kooning et la tradition flamande », Catalogue De Kooning, Musée National d’Art Moderne, Paris, 1984. — « La représentation du Roi», Comédie-Française, Paris, n° 127-128, mars-avril 1984, 43, Images et souvenirs dans l’autobiographie : Stendhal au col du Saint- Bernard, Saggi e Ricerche, Firenze, 1984. — « Les mots et les choses dans la peinture», Annales d’Histoire de l’Art, de l’Université libre de Bruxelles.

1984-1986
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
M. Louis MARIN, Directeur d’études
En 1984-1985, la recherche entreprise les années précédentes sur la généalogie de la notion de sublime à l’époque moderne a été poursuivie et achevée. L’essentiel du cours a été consacré à l’examen de deux figures fondamentales du sublime – entendu comme la représentation de l’irreprésentable – la tempête et le monstre, dans des œuvres figuratives et littéraires du XVIe et du XVIIe siècles et principalement dans l’œuvre de Nicolas Poussin. On a consacré une étude minutieuse au Grand paysage de tempête avec Pyrame et Thisbé du Musée de Francfort et à la lettre du peintre qui en fait la description. Une attention particulière a été accordée aux problèmes du coloris dans ce tableau à partir de l’hypothèse d’une mise en récit d’une palingénèse des couleurs du blanc au noir par le rouge – ceci en référence au texte des Métamorphoses d’Ovide qui a été analysé notamment dans ses références au second stoïcisme. A partir de cette étude, une hypothèse générale a été élaborée : la « représentation » de la tempête ou du monstre mettrait en question la loi de variation qui est au fondement de l’esthétique poussinienne et au-delà d’elle de l’esthétique classique. Cette hypothèse de grande ampleur — notamment pour l’avenir de la notion de sublime au XVIIIe siècle, chez Kant et les romantiques en particulier — a été éprouvée sur des œuvres fonctionnant en duo (ex. Orage et Temps calme), en quatuor (le Déluge et les Saisons), en septuor (les Sept Sacrements).
Le séminaire a été consacré, dans le cadre plus général de l’élaboration d’une théorie du portrait comme ensemble de procédures d’identification du sujet comme Moi, à une étude de la représentation du sujet politique et de ses enjeux politiques et idéologiques aux XVIe et XVIIe siècles en Europe.
En 1985-1986, ce sont les thèmes du séminaire 1984-1985 qui ont été mis au premier plan de la recherche et qui ont fait l’objet du cours plus spécifiquement consacré aux programmes iconographiques du Prince en Italie et en France aux XVIe et XVIIe siècles. Une attention particulière a été accordée à la représentation du Prince en acteur de l’Histoire et ce, sur un corpus fourni par les dix-sept tapisseries de l’Histoire du Roy. Quelques modèles d’analyse ont été élaborés, notamment le modèle théâtral qui permet de définir le double dispositif de la représentation du Prince: scénique, et c’est la construction de l’acte du roi dans son événement historique ; et scénographique, et c’est la mise en scène de cet acte dans ses effets sur le spectateur et d’abord sur le premier d’entre eux, le Roi lui-même. Le lien avec les recherches de l’année précédente a été souligné avec l’élaboration d’une «théorie» du sublime politique du Prince représenté en Monarque absolu. Le grand portrait de Louis XIV par Rigaud a été étudié dans cette perspective ainsi que son « envers », le Journal de la Santé de Louis XIV par ses principaux médecins. Ces recherches se poursuivent en liaison avec l’ATP du CNRS Genèse de l’État moderne…
Le séminaire a été consacré à l’étude des notions de variété, variation et diversité dans les textes des théoriciens de l’art et de la littérature au XVIe et au XVIIe siècles : ces notions ont été plus particulièrement travaillées chez Pascal et Leibniz et dans la représentation picturale de paysage pendant la même période.
Publications
Articles
« Die Fragmente Pascals », Fragment und Totalität, Herausgegeben von Lucien Dallenback und Christian L. Hart Nibbrig, Suhrkamp. Frankfurt am Main, 1984. — « The Gesture of Looking in Classical History Painting », Gestures History and Anthropology, éd. J. C. Schmitt, Harwood Acad. Publishers, n° 1, vol. 1, 1984. — « Le roi mélancolique », Silex, n° 27-28, PU Grenoble, 1984. — « Bodies and Signs in Autobiography Stendhal’s Life of Henry Brulard », Modem Language Notes, vol. 99, n° 4, 1984, in memoriam Eugenio Donato. — « Un peintre sous influences : notes sur De Kooning et la tradition flamande et hollandaise de peinture », De Kooning, catalogue de l’exposition du Musée d’Art moderne, 1984. — « La norme de l’institution et le discours de la force », la Théologie à l’épreuve de la vérité, éd. du Cerf, Paris, 1984. — « Poussin et les dessins de la colonne Trajane », Caesar Triumphans, Catalogue d’exposition, Paris, Florence, 1984. — « Le corps pathétique du roi », Médecins et Littérateurs, Revue des Sciences humaines, PU Lille III, n° 198, 1985. — « Introduction à deux notes de Kojève », Traverses, n° 33-34, Politique fin de siècle, janvier 1985. — « La raison du plus fort est toujours la meilleure », Exigences et perspectives de la sémiotique, recueil d’hommages pour A.J. Greimas, Johns Benjamins Publishing Company, 1985. — « L’Abrégé de l’histoire de Port-Royal ou le tombeau du tragique racinien », Re-lectures raciniennes. Nouvelles approches du discours tragique, Biblio 17, Tübingen, Paris, 1986. — « Lire un tableau en 1639 d’après une lettre de Poussin », Pratiques de la lecture, éd. R. Chartier, Rivages, Marseille. — «Fragments d’histoires de musées», L’Œuvre et son accrochage, Cahiers du Musée National d’Art Moderne, n° 17-18, 1986. — « Théâtralité et politique: sur trois textes de Corneille », La France et l’Italie au temps de Mazarin, éd. Je Serroy, PU de Grenoble, 1986. — « Sur une tour de Babel dans un tableau de Poussin », Analytique du Sublime, Poésie 33, Belin, Paris, 1986. — « La représentation du Roi », Comédie Française, n° 127-128, 1984. — « Le Menteur ou la variation des noms et des corps », Comédie française, n° 145-146, 1986. — « La Madeleine ou les jouissances du regard », La Maddalena, catalogue du Palazzo Pitti, Firenze, 1986. — « Une ville, une campagne de loin… », « Paysages Pascaliens », Paysages, Littérature, Larousse, n° 61, février 1986. — « The Art of Describing », October, MIT Press, Boston, 1986.
Ouvrage
La Parole mangée, Klincksieck, Paris, 1986, 252 p.

1986-1987
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
Directeur d’études : M. Louis MARIN
Compte rendu d’enseignement
Nous avons engagé cette année une recherche intitulée « présence réelle et représentation » dont le lieu historique a été limité pour l’époque moderne au XV , XVI et XVII siècles en France principalement. Après avoir défini la place et les fonctions de l’énoncé eucharistique dans la théorie du signe représentationnel construite par les logiciens de Port-Royal (1662- 1683), trois grands champs d’analyse ont été ouverts. Le premier portant sur la dimension «réflexive» ou opaque du signe représentationnel: se présenter (représentant quelque chose). L’acte de présentation a été étudié comme la construction de l’identité du sujet représenté dans les procédures d’identification du Moi. La théorie du portrait et de l’autoportrait à Port-Royal a fait l’objet de l’essentiel du cours : 1) à partir du paradigme de la Sainte Face, l’opposition du portrait-indice et du portrait-représentation ; la relation entre le portrait, la relique, l’ex-voto, la nature morte ; 2) à partir de l’examen des diverses théologies de l’icône, la relation entre l’efficace spirituelle du portrait et l’inscription du nom ; la relation du portrait et du nom propre. Une recherche plus particulière a été consacrée aux effets de présence dans la représentation en vue de reconnaître l’opposition entre une esthétique du trompe l’œil et celle de la représentation.
Le deuxième champ d’analyse simplement esquissé cette année concernait la figurabilité du corps divin dans la représentation de peinture. Il exploitait plus précisément une recherche sur les représentations d’Annonciations en Toscane au Quattrocento. À titre programmatique, ont été évoqués les problèmes suivants : la relation entre une théorie de renonciation et une logique du secret ; les théologies et les spiritualités de l’Incarnation dans la représentation picturale de la Renaissance, compte tenu de l’« invention » de l’espace perspectif.
Le troisième champ d’analyse concernait plus particulièrement le texte littéraire, notamment mystique. À ce titre ont été étudiés deux textes de Pascal, le Mémorial et le Mystère de Jésus.
Parallèlement à cette recherche et en alternance avec elle, nous avons poursuivi les recherches engagées l’année précédente sur théâtralité et politique au XVIIe siècle: ont été plus précisément étudiées les relations entre Corneille et le pouvoir d’état à l’époque de Mazarin premier ministre, en vue de mettre en évidence les modes et procès « théâtraux » de production de la légitimité politique, à partir des textes périgraphiques et de quatre œuvres : La Mort de Pompée, le Menteur, la Suite du Menteur et Héraclius.
Sont intervenus au cours du séminaire, Pr Salvatore Settis (Pisa) Italie : Romae secundae : sur les réemplois de l’Antiquité au Moyen Âge et à la Renaissance. — Pr Omar Calabrese (Bologne) et Paolo Fabbri (Palerme) Italie : Recherches sémiotiques sur le frontispice de La Scienza Nuova de Vico. — Pr Stephen Greenblatt (Berkeley, USA) : Martial Law in the Land of Cockaigne : Shakespeare’s Measure to Measure and The Tempest and their political and ideological context. — Pr Stephen Bann (Kent GB) : L’esthétique d’Adrian Stokes. — Pr Michael Fried (Johns Hopkins USA) : Courbet’s Realism.
Publications
« Notes on a Semiotic Approach to Parade, Cortège and Procession », Time out of Time. Essays on the Festival, (éd. Alessandro Falassi) Albuquerque, University of New Mexico Press, 1987, pp. 220-228. — « Le trou de mémoire de Simonide », Traverses, Théâtres de la mémoire, n° 40, avril 1987, pp. 29-37. — « Le Sublime dans les années 1670 : un je ne sais quoi ? » Biblio 17, Papers on French XVIIth Century Literature, Paris, Seattle, Tübingen, n° 25, oct. 1986, pp. 185-201. — « Manger, parler, aimer dans les Contes de Perrault », Biblio 17, Papers on French Seventeenth Century Literature, Paris, Seattle, Tübingen, n° 30, 1987, pp. 29-39. — « Énoncer une mystérieuse figure », La Part de l’Œil, Arts plastiques : question au langage, Bruxelles, 1987, pp. 117-133. — « La catastrofe délia Medaglia istorica », La Ghigliottina del Terrore, Catalogo Firenze, nov. 1986, pp. 109-113. — « Figurabilité du visuel: la Véronique ou la question du portrait à Port-Royal», Nouvelle Revue de Psychanalyse, 1987, pp. 51-65. — « La scission des deux corps du roi », introduction à Journal de Louis II. Le fait politique et clinique, Joseph Clims, Paris, 1987, pp. 7-27. — « L’art d’exposer : notes de travail en vue d’un scénario », Parachute. Art contemporain, Montréal, automne 1986, pp. 16-20.

1987-1988
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
M. Louis MARIN, Directeur d’études
Les recherches engagées l’an dernier sur la figurabilité du corps divin, ont été poursuivies cette année dans deux directions :
1° Dans le domaine de l’analyse des récits de fondation du christianisme, l’ensemble des récits d’annonciation et de nativité a été pris en compte, notamment dans l’évangile de Luc. Une attention particulière a été portée a) au titre de renonciation, sur les mises en œuvre d’une logique et d’une économie du secret, dans leur relation avec les procédures de révélation du mystère, au sens théologique de ces termes ; b) au titre d’une mise en figure des procédures narratives sur les diverses fonctions de l’ange. Dans cette perspective, ont été étudiés certains des textes fondamentaux de la théologie de l’ange : Pseudo Denys, saint Thomas d’Aquin, Suarez, etc.
2° Dans le domaine de l’étude des représentations iconiques, a été poursuivie et approfondie la recherche sur les représentations de l’Annonciation à la Renaissance en Italie. À partir de l’Annonciation de Domenico Veneziano, diverses séries de représentations ont été construites afin d’éprouver une hypothèse de travail sur la confrontation iconique au XVe siècle d’une figuration du nouvel espace perspectif que représenterait l’ange, avec une figuration de la conception « ancienne » du lieu qui serait dévolue à la Vierge. Sous cet angle ont été étudiés certains textes de sermons, de traités théologiques de l’époque (saint Bernardin de Sienne, saint Antonin de Florence, etc.) et de théorie et de pratique de la peinture (Albertini, Vinci, Piero della Francesca, etc.).
Les recherches amorcées l’année précédente sur le thème des rapports entre théâtralité et politique dans la première moitié du XVIIe siècle en France ont été développées à partir d’une lecture des Considérations politiques sur les coups d’État de Gabriel Naudé (1639). Ce travail a été complété à la fois dans la direction d’ouvrages de philosophie politique (Bodin, Charron, Silhon, Guez de Balzac, etc.) en France, et en Italie (Botero, Ammirato, Acetto, etc.) de textes de « moralistes » comme Gracian ou La Rochefoucauld et dans le champ théâtral par l’étude de deux pièces contemporaines de Corneille, L’Illusion comique et Médée.
Dans le cadre du séminaire sur la Conversion (H. Damisch, J.-C. Schmitt, J.-C. Bonne, L. Marin), j’ai présenté une recherche en cours sur la notion augustinienne de conversion à partir d’une étude des Livres I à IX des Confessions.
J’ai par ailleurs effectué plusieurs missions d’enseignement et de recherche à l’étranger : à l’Institut français de Florence (Italie), colloque sur « Langage et Image » et séminaire sur le thème « Montrer la voix, Dire l’image » (février 1988). J’ai donné, en mai 1988, plusieurs séminaires aux Etats-Unis : « Angels and their representations in the Quattrocento Painting » (Johns Hopkins University), « Augustine’s Confessions : autobiography and conversion » et « The gestures of the King » (Yale University), « Frames and framing » (Amherst College), « State secret and ‘coup d’État’ according to Naudé » (Cornell University). À Lucca (Italie), université de Bologne, Association italienne de sémiotique, colloque sur Les Passions, (octobre 1987). À Londres, Institute for contemporary arts (décembre 1987).
Publications
Articles
« Les enjeux d’un frontispice », L’Esprit créateur, vol. XXVI, n° 3, pp. 49-58, Fall 1987. — « Aux marges de la peinture : voir la voix », L’Écrit du temps, n° 17, Voir Dire, pp. 61-72, Minuit, Paris, 1988. — « Le cadre de la représentation », Les Cahiers du Musée national d’art moderne, Art de voir, Art de décrire II, été 1988, pp. 62-81. — « Mimesis et description », Word & Image. Conférence Proceedings, janv.-mars 1988, pp. 25-37, Taylor and Francis, London. — « L’audience du comte Fuentès (1662) ou la mise en scène du pouvoir d’État », L’Art du théâtre, n° 7, automne 1987, pp. 67-71. Actes Sud. Théâtre National de Chaillot.
Ouvrages
Pour une théorie baroque de l’action politique : Les considérations politiques sur les coups d’État, de G. Naudé, Presses du Languedoc, Montpellier-Paris, septembre 1988.
The Portrait of the King, Minnesota University Press, USA, 1988.
Préfaces
Gérard Labrot, L’Image de Rome : une arme pour la Contre-Réforme, 1534-1677, Paris, 1987.
René Payan, Vedute, 1976-1987, Champ Vallon, Montréal, 1987.
Contributions à ouvrages collectifs
« Sur une tour de Babel dans un tableau de Poussin », Du Sublime, Belin, Paris, 1988,
pp. 237-258. — « L’aventure sémiotique. Le tombeau mystique », Michel de Certeau, Cahiers pour un temps, Centre Pompidou, oct. 1987, pp. 207-223. — « Leggibilità e visibilité della storia », La Colonna Traiana egli artisti francesi da Luigi XIVa Napoleone 1, Carte Segrete, Roma, 1988, pp. 235-243.
SÉMINAIRE COLLECTIF SUR LA NOTION DE CONVERSION
MM. Claude BRÉMOND, Hubert DAMISCH, Louis MARIN, Jean-Claude SCHMITT, Directeurs d’études et Jean-Claude BONNE, Maître de conférences.
Ce séminaire, organisé à l’initiative du Centre d’histoire et théorie de l’art, est conduit conjointement par un certain nombre d’enseignants de l’École (Jean-Claude Bonne, Claude Brémond, Hubert Damisch, Louis Marin, Jean-Claude Schmitt). Il s’agit là d’un séminaire à vocation explicitement interdisciplinaire, dans lequel on cherchera à repérer quelques occurences du mot « conversion » dans le discours de l’historien, de l’anthropologue, du psychanalyste, du logicien, du spécialiste de la narratologie, de l’économiste : la conversion est tout à la fois le nom d’un événement, individuel et collectif ; celui d’un passage (qu’il n’est pas toujours aisé de localiser comme tel) ; celui d’une transformation (ce qui conduit à poser la question du rapport entre la conversion chrétienne et la métamorphose païenne, dont elle représenterait une manière de « relève » au sens hégélien) ; celui d’un récit (le récit de conversion) ; celui d’une figure ; et celui d’un concept : un concept qui s’inscrit, historiquement parlant, au départ de la psychanalyse (cf. les Études sur l’hystérie de Freud et Breuer) et qui aura fait dans celle-ci l’objet d’une relève, en relation à la question de la figurabilité (Darstellbarkeit).
Denis Hollier (Yale university) a présenté une analyse du Lourdes de Zola, qui noue les deux motifs de la conversion religieuse et de la conversion hystérique. Louis Marin a procédé à une lecture attentive du chapitre des Confessions sur la conversion de saint Augustin, montrant comment le moment de la conversion n’est pas assignable, mais s’inscrit dans le contexte, hautement réglé, de l’autobiographie. Marie-Christine Lala a évoqué le problème de la conversion chez Bataille, tandis que Yves Hersant traitait de celui de la mélancolie comme obstacle à la conversion. Joseph Okalla a illustré les techniques de conversion mises en œuvre par les jésuites en Chine. Hubert Damisch a présenté une recherche sur les représentations de la conversion de saint Paul, lesquelles posent un problème de figurabilité que les peintres n’auront su résoudre que par une série de figures et de transformations qui en appellent à un repérage plus précis, la conversion trouvant dès lors à s’inscrire dans une série plus large : métamorphose/conversion/transformation.
Ce séminaire, qui donnera lieu à publication dans Le Temps de la réflexion, que dirige J.-B. Pontalis, devrait prendre en 1988-1989, une extension nouvelle, avec les contributions prévues de Marc Augé, Jean-Pierre Berthe, Jean-Claude Bonne, Claude Brémond et André Miquel, Herbert Kessler, Jean-Claude Schmitt, Emmanuel Terray, etc.

1988-1989
PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOCIALES
Séminaire collectif sous la responsabilité de
MM. Jacques DERRIDA et Louis MARIN, Directeurs d’études
Fidèles en cela aux propositions formulées lors des journées de Marseille en 1987, quelques enseignants de l’École ont organisé un séminaire qui a traité en 1988-89 des « stratégies de la citation ». Il a accueilli des exposés de Y. Hersant (« La citation mélancolique : Burton »), Nicole Loraux (« Abel, mannequin de Freud »), Jacques Derrida (« Ô mes amis ! Il n’y a nul ami »). D’autre part, ce séminaire a été le cadre d’un colloque qui a achevé les travaux engagés l’année précédente sur les questions de l’autorité et du droit d’auteur (L. Marin, P. Kamuf, J. Bennington, J.-C. Bonne, H. Damisch, J. Derrida, G. Agamben, Y. Thomas, M. Edelman, F. Hartog, P. Loraux).

SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES DE REPRÉSENTATIONS
M. Louis MARIN, Directeur d’études
Le séminaire de cette année a abordé un nouveau champ de recherches dont l’étude avait déjà été amorcée l’an dernier, à savoir l’émergence historique de la subjectivité à l’époque moderne dans les arts et la littérature. Comment le sujet construit-il son identité et se pose-t-il comme un « moi » ? Comment conquiert-il son individualité et sa singularité sur le groupe social, le lignage, l’altérité anthropologique, les instances du sacré et de la religion ? Quelles sont les relations entre la représentation du soi et le nom, propre ou générique ? Quels sont les modèles de légitimation et d’autorisation de ces diverses représentations du moi dans leur production, leur reconnaissance, leur réception, leur diffusion, mais aussi dans leurs variétés historiques et génériques, portraits, autoportraits, biographies, autobiographies, etc. ? Quelles sont les fonctions sociales, politiques, « idéologiques » des divers dispositifs de l’identification de soi ? Ce sont ces diverses questions de philosophie, de théorie et de pratique littéraire et artistique posées par la constitution du sujet moderne en France au XVIe et XVIIe siècles qui ont été étudiées dans le séminaire, essentiellement dans les Essais de Montaigne et les textes qui leur sont liés, correspondance, journal de voyage, etc. Cette étude a été construite à partir d’une analyse minutieuse de « L’Avis au lecteur » (mars 1580) qui introduit aux deux premiers livres des Essais. Une attention particulière a été accordée aux essais « de l’amitié » et « des cannibales ». Le séminaire, en liaison avec la charge de conférences de M. Georges Didi-Huberman, qui traitait en particulier des autoportraits de Dürer, s’est intéressé aux portraits « intimes » de la seconde moitié du XVIe siècle français par opposition aux portraits d’apparat ou officiels. Il s’est poursuivi par plusieurs séances consacrées à la représentation du moi chez Pascal et dans le milieu de Port-Royal pour s’achever provisoirement sur le portrait chez Philippe de Champaigne. Une recherche approfondie de la « paire » Madeleine pénitente (Musée de Rennes) et Jean Baptiste (Musée de Grenoble), 1657, a permis d’élaborer la notion de portrait virtuel du moi dans sa relation avec les doctrines spirituelles de l’abnégation, de la conversion et de l’ascèse de l’imagination.
J’ai continué à participer activement au séminaire sur la Conversion (H. Damisch, J.- C. Schmitt, J.-C. Bonne, L. Marin).
J’ai par ailleurs effectué plusieurs missions de recherche et d’enseignement à l’étranger : aux Etats-Unis (universités de Princeton et de Johns Hopkins), à la Fondation Cini à Venise (L’image et l’exégèse biblique au XVIIe siècle), à l’Université de Bologne (l’Académie Caracci et Montaigne), à l’Institut français de Florence (La figurabilité du moi entre psychanalyse et art), à l’Institut universitaire européen de Florence (1789, l’événement en peinture), ainsi qu’à l’Université libre de Bruxelles (La représentation « symbolique » en art).
Publications
« Le trompe-l’œil, un comble de la peinture », in L’effet-trompe l’œil dans l’art et la psychanalyse, Dunod, Paris, 1988, pp. 75-92. — « Topiques et figures de renonciation », La part de l’œil, Académie Royale des Beaux Arts, Bruxelles, n° 5, 1989, pp. 141-153. — « Of the Figurability of the Political Absolute », in Fragments for a History of the Humain Body, Zone, MIT Press,1989, t. III, pp. 420-447. — « Transfiguration in Raphaël, Stendhal and Nietzsche », in Nietzsche in Italy, éd. T. Harrison, Stanford, 1988, pp. 62-75. — « Towards a Theory of Reading in the Visual Arts », Calligram, éd. N. Bryson, 1988, pp. 63-90. — « L’invention du corps mystique », Sul discorso mistico, Asmodeo, n° 1, Florence, pp. 117- 132. — « De la citation chez Jasper Johns », Spécial Jasper Johns, Artstudio, 1989, pp. 120- 133. — « Pour une théorie baroque de l’action politique », Introduction à G. Naudé, Considérations politiques sur les coups d’Etat, Ed. de Paris, 1989, 224 p. — Du figurable en peinture : Jean Charles Biais, Blusson, Paris, 1988, 117 p.

1989-1990
SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES REPRÉSENTATIFS
M. Louis MARIN, Directeur d’études
Le séminaire de cette année a trouvé son point de départ dans les thèmes de recherche qui avaient été évoqués au terme du séminaire de l’an dernier, ceux d’une écriture et d’une figurabilité mystiques de renonciation dans l’art et la littérature de la fin du XVIe siècle. Une double scène « originaire » de l’écriture et de la figuration mystiques a été d’abord et plus précisément étudiée dans les images et les textes : celles de la venue des femmes au tombeau trouvé vide du corps divin qu’il devait contenir, groupe féminin dont se détache la figure de la Madeleine. L’autre scène est moins d’origine que d’identification au corps divin ; il s’agit de celle du désert comme lieu de la voix de prédication, celle du dernier prophète, Jean le Baptiste.
C’est à ce dernier motif du désert que le séminaire a été ensuite plus particulièrement consacré, (avec ses deux grandes figures que sont la Madeleine et Jean Baptiste) et les notions qui lui sont spécifiquement liées : confession et pénitence, conversion, vision et extase. Un très riche corpus littéraire, pictural et plastique a été constitué : A. Carrache, Le Gréco, Réni, Lanfranco, La Tour, Velazquez, Ribeira, etc., d’un côté, Baronius, Cortez (1693) Stengelius (1622), les poètes de l’« humanisme dévot », César de Notre Dame (1606), le P. de Saint Louis (1668), Desmarets (1669), Martial de Brives, etc., de l’autre.
La dernière phase du séminaire a traité du paysage de désert au XVIIe siècle en littérature et en peinture et des thèmes de la retraite, de la solitude et du silence qui paraissaient liés à la représentation du désert. À partir des réflexions sur la constitution d’un « genre de peinture » de paysage dans l’art flamand et plus généralement nordique, a été discutée une définition à la fois historique et structurale du désert et tentée une typologie des représentations de désert, en relation avec celles de la retraite, pour construire la notion de « paysage spirituel » du désert. Nous avons particulièrement étudié à cause de son importance politique et religieuse l’Élévation sur sainte Madeleine de Bérulle écrite pour la reine Henriette d’Angleterre, épouse de Charles Ier (1629). Dans le domaine artistique, nous avons étudié le « paysage spirituel » du désert sur les quatres grands paysages peints par Philippe de Champaigne pour le Val de Grâce (1656-1657) : une comparaison a été faite avec la série des Quatre Saisons de Poussin. Le séminaire s’est conclu sur une étude d’inédits de Saint-Cyran portant sur le silence, la retraite et la solitude, ce qui nous a permis de revenir à la problématique initiale concernant le sujet de renonciation mystique (comme moi « déserté »).
J’ai par ailleurs effectué plusieurs missions de recherche et d’enseignement à l’étranger : à l’Académie des Beaux Arts de Genève, à l’Université de Lisbonne, département de littérature comparée, au colloque international « Il Ritratto e la memoria », Université La Sapienza, Académie de France à Rome, au colloque international « L’iconologia e oltre », Université de Palerme, à Montréal, à l’Université Concordia et à l’Université du Québec, à l’Université John Hopkins,Baltimore, à l’Université de Berkeley, à l’Université d’Oslo, au colloque international « Documentary Culture 1580-1662 in Florence and Rome » à Florence.
Publications
Ouvrage
Opacité de la peinture : essais sur la représentation au Quattrocento, Paris, Usher, 1989, 260p.
Articles et contributions
« Voix et énonciation mystique : sur deux textes d’Augustin et de Pascal », Littérature Classiques. La Voix au XVIIe siècle, n° 12, janv. 90, Toulouse, Le Mirail, pp. 165-184. — « L’architecture du Prince. Le lieu de pouvoir : Versailles », Journal of the Faculty of Letters, University of Tokyo, vol. 14, 1989, pp. 1-12. — « Rhetorics of truth, justice and secrecy in Pascal’s text », Argumentation, vol. 4, 1990, pp. 69-84. — « Déposition du Temps dans la représentation peinte », Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° XLI, 1990, pp. 55-68. — « Relique, représentations, images : le cycle Saint Gervais – Saint Protais 1657 » in L’Idolâtrie, La Documentation française, 1990, pp. 199-210. — « La critique de la représentation théâtrale à Port Royal : le Traité de la Comédie de Nicole » in Problems in French Literature from the late Renaissance to the early Enlightment, vol. 2, Rethinking Classicism, AMS Press, New York, pp. 81-106. — « L’œuvre d’art et les sciences sociales » in Encyclopaedia Unievrsalis : Symposium, 1990, pp. 947-971. — « Les traverses de la vanité » in Les Vanités dans la peinture du XVIIe siècle, Caen, Musée des Beaux Arts, 1990, pp. 21-30.

PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOCIALES
Séminaire collectif sous la responsabilité de MM. Jacques DERRIDA et Louis MARIN, Directeurs d’études.
Consacré au thème général de l’autorité et de la domination, le séminaire a accueilli les communivations suivantes :
– Yves Hersant : G. Bruno : un auteur en quête d’autorité ;
– Louis Marin : Force, justice, vérité chez Pascal ;
– Fernando Gil : La pierre-de-touche chez Kant ;
– Patrice Loraux : Sur l’idée d’une pensée plus puissante qu’une autre ;
– Catherine Pechanski : L’historiographie grecque : pensée forte -pensée faible ;
– Nicole Loraux : Le dialogue e(s)t la raison du plus fort ;
– Viviane Alleton : Tradition et autorité : le texte de Confucius ;
– Jacques Derrida : Force de loi ; fondation mystique de l’autorité : sur Benjamin La critique de la violence.

1990-1991
PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOCIALES
Séminaire collectif sous la responsabilité de MM. Jacques DERRIDA et Louis MARIN, Directeurs d’études
Poursuivant ses recherches et ses discussions sur le thème de l’autorité et de la domination, le séminaire a organisé son travail de cette année autour de communications de Jean-Claude Bonne, Louis Marin et Hubert Damisch.

ESTHÉTIQUE ET ANTHROPOLOGIE
Séminaire collectif sous la responsabilité de M. Hubert DAMISCH, Directeur d’études, avec MM. Marc AUGÉ, Louis MARIN, Jean-Claude SCHMITT, Directeurs d’études, et MM. Jean BAZIN et Jean-Claude BONNE, Maîtres de conférences.
Ce séminaire, qui vise à définir un champ commun où pourraient se rejoindre et se rencontrer historiens et anthropologues, s’inscrit dans le droit fil de celui qui l’a précédé sur la notion de Conversion. Il a pris son départ d’une question : quelle part peut, ou doit être faite à l’esthétique, quoi qu’on entende par là, dans le cadre d’une anthropologie ? Cette interrogation en convoquant aussitôt une autre : quand bien même ce que recouvre le terme d’« esthétique » ne se laisserait pas contenir dans les limites d’une « anthropologie » au sens strict du terme, de quelle pertinence peut être, à son endroit, un questionnement qui se voudrait, précisément, d’ordre ou d’inspiration strictement anthropologique ?
Cette question, Hubert Damisch l’a introduite sous le titre du « fait » ou du « phénomène social total », tel que Marcel Mauss l’a défini, en même temps qu’il en proposait, dans Essai sur le don, le paradigme désormais classique. Or si Mauss fait sa place à l’esthétique dans la définition du fait social total, il ne lui accorde aucune attention dans l’analyse qu’il a donnée de l’échange par don et contre-don : tout le problème étant alors de savoir comment articuler, dans ce contexte, la « valeur d’art » que nous sommes portés à reconnaître à certains des objets qui entraient dans « ce marché d’avant le marché », étant admis que pour ce qui est des qualités proprement « esthétiques » que pouvaient leur reconnaître les participants de l’échange, elles constituaient l’un des ressorts du système.
À cette analyse, qui demandera à être reprise à nouveaux frais, ont succédé les interventions de Daniel Arasse sur la notion de « détail » et les usages auxquels elle a prêté dans l’histoire de l’art telle qu’elle se fait et telle qu’elle s’écrit ; de Georges Didi-Huberman sur une dimension « oubliée » du portrait à la Renaissance, les effigies en cire ; de Bogumil Jewsiewicki, professeur à l’Université Laval, sur la peinture de case au Zaïre ; et de John Onians, professeur à l’université d’East Anglia et directeur de la revue Art History, sur les « matériaux de la pensée grecque ».

SÉMANTIQUE DES SYSTÈMES DE REPRÉSENTATION
M. Louis MARIN, Directeur d’études
Comme l’an dernier, le séminaire a successivement abordé les deux thèmes de recherche qui étaient annoncés : 1) Au titre des recherches sur les représentations du politique en Europe aux XVIe et XVIIe siècles, ont été étudiés les processus et les effets de représentation pour la constitution du sujet politique, à cette époque. Au centre de la problématique du politique, a été posée la question du pouvoir d’État en la centrant précisément sur la mise en œuvre du gouvernement et des techniques visant à créer le consentement nécessaire à sa constitution et à sa reproduction. Comment, à cette époque, sont analysées et construites des logiques passionnelles sous-tendant les comportements individuels et collectifs et comment ces logiques sont-elles utilisées et développées dans la manipulation des passions en vue de l’assujettissement? Pascal, Hobbes, Descartes, etc. ont fourni les textes de référence fondamentaux. Une étude minutieuse du traité de l’oratorien Senault, De l’usage des passions (1641), ainsi que de son épître dédicatoire à Richelieu, a permis d’entrer dans la lecture des Mémoires et du Testament politique du Cardinal. Cette recherche a été complétée par celles que nous avons consacrées à la théâtralité de cour dans sa relation complexe à la prise de décision du prince nommée coup d’État.

1991-1992
SYSTÈMES DE REPRÉSENTATIONS À L’ÂGE MODERNE
M. Louis MARIN, Directeur d’études*
Le séminaire de l’année 1991-92 a été consacré selon une méthode fondamentalement comparative à l’élaboration de la version anglaise du portrait du roi affrontée à celle que nous avions mise au point dans les années précédentes touchant le monarque français. Après un rappel des principales positions le concernant et fondées pour l’essentiel sur le « chiasme » du pouvoir politique et de la dimension théâtrale de la représentation, le séminaire s’est développé en deux séquences : la première qui après avoir étudié les différents avatars du portrait d’Elisabeth I (sur le vif et au masque, confrontation de la mélancolie et de la gloire) ainsi que des textes littéraires et politiques qui les accompagnaient, a pris pour objet l’œuvre de Jacques I, en particulier ses ouvrages politiques exprimant une des théories les plus cohérentes et les plus complexes de la monarchie absolue. Après une présentation plus « philosophique », l’analyse s’est concentrée sur la « périphérie » du Basilikon Doron (1599), constituée par un sonnet, une lettre dédicatoire au Prince de Galles et une adresse au lecteur, qui a permis de dessiner la curieuse figure du roi en auteur et de montrer la relation entre les différents portraits du roi (d’origine flamande), les frontispices des oeuvres et les entrées royales. Face à cette première étude, a été proposée sous forme de contrepoint l’étude des deux premières scènes de la Tempête de Shakespeare, la dernière pièce du dramaturge (1611- 1613) où, nous semblait-il, des problèmes voisins, mais du point de vue de la position du créateur littéraires se posaient. Face à la figure du roi en auteur, qu’en est-il de la figure du poète en roi ? Ainsi était-il possible de saisir sur le vif, à la fois historiquement et théoriquement, ce chiasme du pouvoir et de la représentation évoqué plus haut et selon des modalités spécifiques. La deuxième séquence du séminaire a été consacrée à Charles Ier et à son peintre privilégié Van Dyck ; cet ensemble de portraits individuels ou de couples (la reine française Henriette) a été mis en relation avec la littérature des masques magnifiquement illustrée par Ben Johnson et Inigo Jones. Le point de départ à été le portrait par Van Dyck de Charles à cheval (Londres), comparé à celui du même peintre de Charles Ier à la chasse (Louvre). Cette séquence s’est poursuivie sur les portraits du roi en famille (et leurs
significations) tant chez Jacques I , (Willem van de Passe, Gerrit Montin) que chez Charlesavec la « Grande pièce » de Van Dyck, (portrait du roi, de la reine et de leurs enfants). Le séminaire s’est achevé sur les gravures de la propagande royaliste à la mort du roi, en particulier l’Eikon basiliké et son frontispice, qui mettent en évidence, au-delà de la sacralisation du roi martyr, les fonctions politiques et religieuses de la mélancolie royale.
Le séminaire s’est déroulé tous les quinze jours en alternance avec la charge de conférences de M. Pierre Antoine Fabre, mais a été complété toute l’année par un séminaire « fermé » où les étudiants en thèse exposaient en petit groupe leurs travaux (A. Cantillon, D. Katazrof, M.-P. Gaviano, S. Robic, F. Divorne, F. Dumora, F.M. Zini…).
Ont participé à notre séminaire au titre de directeur d’études associé, Mme Svletana Alpers, Université de Berkeley ; le professeur Hans Belting, Université de Munich ; le professeur Oskar Batchmann, directeur du Kunstgeschichte Institut de Berne. A été invité M. Giovanni Careri, pensionnaire « at large » de la Fondation Getty.
Nous avons participé nous-même en juillet 1991, à un colloque du centre de la Compagnie de Jésus à Chantilly, « Les jésuites et la civilisation du XVIe siècle » ; en novembre à un colloque sur les utopies à l’Université de Canterbury ; en décembre à un colloque sur les rhétoriques en art, à l’Université de Pau. En janvier 1992, nous avons tenu un séminaire à l’Université de Prague sur les problèmes de l’histoire de l’art ; en février, prononcé une conférence à l’Université de Bordeaux sur la question du portrait, en avril-mai, au titre de Georges Lurcy visiting professor, un cours à l’Université de Chicago sur les problèmes du texte et de l’image ; en mai, au Centre Sèvres, une communication au colloque « les Jésuites et le théologico-politique » ; en juin, à l’École des Beaux-Arts de Nantes : « Jean-François Lacalmontie, problèmes d’art contemporain ».
Publications
Ouvrage
Lectures traversières, Paris, Albin Michel, mars 1992, 345 p.
Articles et contributions
« Du contemporain, événements de contemporanéité », Traverses, Centre Pompidou, printemps 92, pp. 18-29. — « La parole consécratoire et les transsubstantiations de l’art », Poliphile, Ed. Aldines, 1992, pp. 71-88. — « Renaissance : le portrait du Roi-en-poète », Théâtre/public, Théâtre de Gennevilliers, Paris, 1991. — « Ut Pictura Poesis dans le laboratoire d’écriture-figure », Cahiers du Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, n° 58, pp. 77-93. — « Frontières, limites, limes », Frontières et limites. Centre Georges Pompidou, pp. 105-131. — « Les plaisirs de la narration », Furor, Lausanne-Genève, 1991. — « L’utopie ou l’infini au neutre », Genre humain, n° 24-25, février 1992, L’Infini, pp. 45-57. — « Une rhétorique fin de siècle », in Rhétorique fin de siècle, sous la direction de M. Shaw et F. Cornillat, Paris, Bourgeois, 1992, pp. 83-97. — « Grammaire royale du visage », in À visage découvert, sous la direction de J. de Loisy, Paris, Flammarion/Fondation Cartier, 1992, pp. 70-91. — « Montaigne, Naudé, Descartes », in Documentary Culture Florence and Rome from Grand Duke Ferdinand I to Pope Alexander VII, sous la direction de D. Cropper.G. Perini, F. Solinas, Florence, Nuova Alfa, 1992, pp. 23-47. — « Ruptures énonciatives dans la représentation picturale », in Le Sens et ses hétérogénéités, sous la direction de H. Parret, Paris, CNRS, 1991, pp. 219-232. — « Théâtralité et pouvoir : Médée de Corneille », in Le Pouvoir et la raison d’État, sous la direction de Lazzeri-Reynié, Paris, PUF, 1992, pp. 230-259. — « Mère Angélique Arnauld » in Musée national des Granges de Port-Royal, sous la direction de Leysanne, Paris, RMN, 1991, pp. 9-18.

* M. Louis MARIN est décédé le 29 octobre 1992.